Vers une consécration...

Les conflits s'étant déplacés à l'Est pour se concentrer autour de la Région de Merulik, Gonk et ses environs avaient vu leur population diminuer significativement en ce jour.

Je n'avais pas eu la possibilité de faire le voyage jusqu'à la place centrale du Royaume avec Kezeg pour y défendre les intérêts de mon peuple. Notamment la forteresse possédée par mon amie de longue date, Tweety, et sa guilde, qui se dresse au Nord des Ruines de Borgovil. Je me faisais pour autant d'avantage de souci pour la vie de mon archère que sur la préservation de la forteresse pour les Magical Power, vu les forces exilées déployées pour la défendre, si j'en crois ce qu'on m'en a rapporté.

De toute façon, Merulik n'était pour moi qu'un passage, je m'y sentais sans cesse oppressé. La population y était importante, trop importante et pas la même que celle de l'Ouest. Bref, la vie à Merulik ne correspondait pas à mon style de vie et c'est pour cette raison que j'ai quitté cette ville depuis fort longtemps.

Sachant Kezeg déjà sur place, j'étais sorti aujourd'hui m'entraîner comme presque tous les jours, pour peaufiner ma technique de tir et me perfectionner toujours plus dans mon art.
N'ayant pas la tête à ça, je retournai rapidement à la Forteresse qui était entre nos mains depuis maintenant un long moment. Je me mis à l'écart pour m'y reposer.

La fin de la journée approchait, le Soleil avait déjà bien entamé sa descente dans le Ciel pour venir frôler la cime des arbres qui entouraient l'édifice qui se dressait derrière moi.
Je ne pouvais m'empêcher d'avoir une pensée pour elle à l'heure actuelle. L'heure approchait sûrement là-bas et pour avoir fréquenter tout de même Merulik un certain temps, je connaissais le danger auquel elle allait forcément être exposée.

La seule façon d'essayer d'oublier était de fermer les yeux un temps soit peu pour finir par trouver le sommeil rapidement. Je m'aménagea un coussin avec ma cape et mon packetage contenant mes récoltes de la journée. Mon arbalète à ma gauche, désarmée, je pouvais fermer l'oeil en toute sécurité en ces lieux... Ce que je fis rapidement.

Très vite, mes pensées ne reflétaient que des scènes de guerre, du sang, des assassins aux intentions destructrices, des gorges tranchées, des cris d'agonie, des enfants tentant de fuir en courant à toute jambes. Bientôt, ils furent rattrapés par des chevaliers et fauchés en pleine course tel de vulgaires fêtus de paille. J'ai chaud, je transpire malgré le fait que le fond de l'air ne soit pas chaud, je me retourne dans mon sommeil, finis par me réveiller en sueur, regardant de tous les côtés, la peur hantant encore mon esprit.

N'observant rien de suspect autour de moi, je me recouche sur le flanc pour remettre les pieds sur le territoire de Morphée. Cette fois-ci, de ce que j'en ai conscience, mes pensées ne sont point obscures. Je ne dors pas profondément, je suis dans un monde intermédiaire, je ne me contrôle plus complètement mais je ressens tout de même le monde qui m'entoure, du moins j'en ai conscience. Par exemple, cette personne qui vient poser sa main sur mon épaule, je la perçois parfaitement pourtant je rêve... Une main sur mon épaule ?!?

Vite, il faut que je trouve une solution. Surtout ne pas se réveiller en sursaut sinon je perd la main. Continuer à dormir, jouer le jeu. Se retourner pour tourner le dos à l'étranger, antipathique ou pas, pour le moment je n'en ai aucune idée. En profiter pour glisser son bras le long de son corps, attraper la dague accrochée à sa ceinture.

A cet instant précis, je suis en position de faiblesse. Lui tournant le dos, je n'ai pas le contrôle qu'il exerce sur moi. Il faut que je me retourne de nouveau pour lui faire face. Cependant, il faut que j'attende un moment pour que ça ne paraisse pas suspect...

Maintenant je peux ! La nuit est noire en ces jours sans lune, je peux ouvrir l'oeil discrètement sans risquer d'être repéré. Comme je l'avais prévu, mes yeux ne rencontrent que l'obscurité au milieu de laquelle la silhouette de mon accosteur a dû mal à se dessiner. Une fois estimé, je n'ai plus qu'une chose à faire... Me précipiter sur lui en lui pointant ma lame sur la carotide. Pour ça bien sûr, je viens de vérifier qu'il ne portait pas d'arme sur lui, sans quoi je risquais de me retrouver avec une lame dans l'estomac.

J'exécutais le geste avec une telle rapidité qu'il n'eut le temps de bouger. L'aurait-il vraiment souhaité ? Je n'en suis pas sûr, plus sûr... Paradoxalement, il semblait calme, les traits de son visage ne trahissaient aucun signe d'angoisse. S'y attendait-il ? Etait-il doué d'un sang-froid légendaire ? Quelque chose me disait que je n'allais pas tarder à le savoir.

-Êtes-vous bien Attilla ? Me questionna-t-il d'un ton détaché.

Je le regardai avec plus de conviction, interrogatif. Non... Cet homme, je ne l'avais jamais croisé, j'en étais sûr ! Je continuai à pointer ma dague sous sa gorge en lui répondant par l'affirmative, quelque peu méfiant.

-Alors suivez-moi...

Il se retourna, ignorant la lame qui le menaçait, la frôlant au passage, pour enfourcher son cheval qui avait échappé à mon regard, en retrait derrière une allée de buis. Je ne sais pas pourquoi mais mon instinct me poussa à lui faire confiance. Il avait un tel sang-froid qu'être à ses côtés, m'inspirait un certain sentiment de sécurité.

Décidemment, aucune nuit n'est de tout repos, pensais-je en attrapant mes affaires pour le rejoindre. En commençant à marcher, elle réapparut soudain à mon esprit... Kezeg.
Elle avait réussi à y sortir quelques instants. Qu'allait-elle penser si je ne lui laisse pas un mot pour tout lui expliquer ?

Hum, il m'attend, pas le temps de prendre la plume. Pourtant, je ne peux pas la laisser sans nouvelle ! Allez, promis je lui écrirai une fois arrivé si on arrive quelque part...

-Attendez moi ici un instant, je reviens ! lui lançais-je en me dirigeant vers les écuries de la forteresse où mon cheval se reposait quand je ne le mettais pas à contribution.

Jettant la selle sur son dos, je l'harnachai rapidement, le détachai, sautai sur son dos rapidement avant de donner un coup de brides pour rejoindre celui que j'avais déjà baptisé dans ma tête l'oiseau de nuit.
Il promena ses yeux sur mon cheval avant de me regarder dans les yeux et m'encourageai d'un signe de tête de le suivre. On sortit rapidement des jardins de la forteresse pour gagner la route du Nord. L'oiseau de nuit prenait son envol... m'emportant dans son sillage.